dimanche 5 octobre
L’énergie solaire est souvent présentée comme une solution propre et durable. Pourtant, lorsqu’on y associe une batterie de stockage, la question de l’empreinte carbone se pose : quelle est la réelle empreinte carbone d’une batterie solaire ?
Entre fabrication, durée de vie, recyclage et utilisation, les avis divergent. Cet article fait le point sur les données les plus récentes pour comprendre le bilan carbone global des batteries solaires et identifier les bonnes pratiques pour réduire leur impact.
Publié par Paul de Preville
Quand on parle d’empreinte carbone d’une batterie solaire, il ne s’agit pas d’une simple estimation grossière : c’est une analyse qui englobe chaque phase de vie — de l’extraction des matières premières jusqu’à la fin de vie. Comprendre ce concept est la clef pour évaluer si le stockage solaire est véritablement « vert » ou simplement « moins mauvais ».
L’empreinte carbone d’un système désigne l’ensemble des émissions de gaz à effet de serre (GES), exprimées en équivalent CO₂, générées tout au long de son cycle de vie. Pour une batterie solaire, cela inclut :
Extraction des matériaux (minerais de lithium, fer, phosphore, nickel, cuivre, cobalt, etc.) ;
Fabrication des cellules, modules et composants (procédés énergivores, affinage, assemblage) ;
Transport et logistique (acheminer les composants vers l’usine, puis le produit fini vers le site d’installation) ;
Exploitation / usage (pertes internes, efficacité, charge/décharge) ;
Maintenance éventuelle et remplacement partiel ;
Fin de vie, recyclage ou mise en décharge.
L’empreinte carbone d’une batterie solaire n’est pas une valeur fixe. Deux batteries de même capacité peuvent afficher un bilan carbone très différent selon leur composition, leur origine ou leur durée de vie. Pour comprendre ces écarts, il faut s’intéresser à quatre variables déterminantes : les matériaux, le processus de fabrication, la durée de vie et le mix électrique utilisé lors de la recharge.
Le choix des matériaux est le premier facteur déterminant. Une batterie solaire, quelle que soit sa technologie, repose sur une alchimie de métaux et de composés chimiques dont l’extraction et la transformation nécessitent une grande quantité d’énergie.
Les batteries au lithium-ion dominent le marché du stockage résidentiel. Mais elles se déclinent en plusieurs chimies : NMC (Nickel-Manganèse-Cobalt) et LFP (Lithium-Fer-Phosphate) sont les plus courantes. La première est réputée pour sa densité énergétique élevée, la seconde pour sa stabilité et sa longévité. Sur le plan environnemental, la LFP présente un net avantage : elle ne contient pas de cobalt, un métal rare dont l’extraction, souvent concentrée en République Démocratique du Congo, est à la fois coûteuse en énergie et socialement controversée.
Remarque
Selon une étude de l’Université de Californie publiée en 2023 (nature.com), le cobalt représente jusqu’à 20 % de l’empreinte carbone d’une batterie NMC, tandis qu’une batterie LFP équivalente peut réduire cet impact de 30 à 40 % grâce à une chimie plus sobre en métaux critiques.
Mais les métaux ne sont pas le seul enjeu. Le lieu d’extraction et le mix énergétique du pays producteur pèsent aussi lourd. Extraire du lithium en Australie à partir de roches n’a pas le même impact que le produire par évaporation en Amérique du Sud, où le procédé consomme beaucoup d’eau. De même, fabriquer une cellule en Chine (mix électrique très carboné, ~550 g CO₂/kWh) n’a rien à voir avec une production en Suède ou en France, où l’électricité est dix fois moins émettrice.
En somme, une batterie de 10 kWh produite en Chine peut générer jusqu’à 2 fois plus d’émissions qu’une batterie équivalente fabriquée en Europe.
La phase de fabrication est la plus énergivore du cycle de vie. Elle représente souvent plus de 70 % de l’empreinte carbone totale d’une batterie. Ce poste comprend l’affinage des métaux, la synthèse des électrolytes, l’assemblage des cellules, la gestion thermique et le conditionnement des modules.
Les estimations varient, mais la plupart des études récentes situent le coût carbone de fabrication entre 60 et 150 kgCO₂e/kWh, selon la chimie et l’origine énergétique du processus industriel. Autrement dit, une batterie résidentielle de 10 kWh peut “coûter” à la planète entre 600 et 1 500 kgCO₂e dès sa sortie d’usine.
Les progrès technologiques permettent toutefois de réduire cette empreinte : amélioration du rendement des usines, recours à des énergies renouvelables pour la production, utilisation de matériaux recyclés, et optimisation logistique (raccourcir les chaînes d’approvisionnement).
Les gigafactories européennes, comme Northvolt (Suède), ACC (France) ou Verkor (Dunkerque), misent sur une fabrication alimentée par de l’électricité décarbonée. Leur ambition : diviser par deux l’empreinte carbone par kWh stocké d’ici 2030.
Plus une batterie dure longtemps, plus son empreinte carbone relative diminue. C’est un principe simple : les émissions initiales sont “amorties” sur une plus longue période d’utilisation. L’indicateur clé est le nombre de cycles complets (charge-décharge) qu’une batterie peut assurer avant de voir sa capacité chuter sous 80 %.
Une batterie domestique de qualité offre aujourd’hui entre 4 000 et 6 000 cycles, soit environ 10 à 15 ans d’usage, selon la profondeur de décharge (DoD), la température et la fréquence d’utilisation. Les technologies LFP, plus stables thermiquement, peuvent même dépasser 20 ans dans des conditions optimales.
Mais la longévité n’est pas le seul critère : l’efficacité énergétique du système compte aussi. En moyenne, une batterie restitue entre 85 et 95 % de l’énergie qu’elle reçoit (rendement “aller-retour”). Le reste se perd sous forme de chaleur. Ces pertes, souvent négligées, augmentent l’empreinte carbone effective du kilowattheure utile.
Un usage raisonné — éviter les décharges profondes, maintenir une température stable, dimensionner correctement le système — peut ainsi réduire de 10 à 15 % les émissions globales liées à la batterie.
Remarque
Chaque cycle gagné équivaut à quelques kilogrammes de CO₂ évités. Autrement dit, prolonger la durée de vie d’une batterie de deux ans, c’est réduire son empreinte totale d’environ 15 %.
Enfin, l’empreinte carbone dépend du type d’électricité utilisée pour recharger la batterie. Si elle se charge uniquement à partir de vos panneaux photovoltaïques, son impact additionnel reste très faible : vous stockez une énergie quasiment neutre en CO₂. En revanche, si elle est parfois rechargée par le réseau, l’empreinte augmente selon la composition du mix national.
En France, le mix électrique reste relativement décarboné (environ 70 gCO₂/kWh selon RTE 2024), mais il peut grimper à plus de 400 gCO₂/kWh en Allemagne ou en Italie, où les centrales à gaz pèsent plus lourd. Dans les faits, cela signifie qu’une même batterie installée dans deux pays voisins peut afficher un bilan environnemental différent… alors qu’elle est identique sur le plan technique.
D’où l’intérêt de concevoir des systèmes autoconsommation + stockage bien calibrés, où la batterie se charge uniquement quand la production solaire est suffisante. Ensol privilégie d’ailleurs cette approche : maximiser le solaire local, minimiser la recharge réseau. C’est ce qui rend le stockage domestique réellement vertueux.
Derrière les débats sur la “propreté” du stockage solaire se cachent des chiffres précis, issus de travaux scientifiques et d’analyses de cycle de vie. Ces données permettent d’estimer le vrai coût carbone d’une batterie solaire, et d’en mesurer les bénéfices à long terme.
La littérature scientifique converge aujourd’hui vers une estimation moyenne située entre 70 et 110 kgCO₂e par kWh de capacité produite. Cette fourchette dépend de la chimie utilisée (NMC ou LFP), du lieu de fabrication et du mix énergétique local.
Cela signifie qu’une batterie résidentielle de 10 kWh représente, en moyenne, entre 800 et 1 000 kg de CO₂ émis au moment de sa fabrication. Ce chiffre peut paraître élevé, mais il doit être comparé à la durée de vie et à l’énergie qu’elle permettra de stocker au fil des ans.
Remarque
Selon l’Agence internationale de l’énergie (IEA, Task 12, 2023), “l’intégration d’une batterie de 10 kWh à un système photovoltaïque résidentiel augmente l’empreinte carbone du kWh produit d’environ 30 %, mais elle reste inférieure à 100 gCO₂e/kWh, soit dix fois moins que le gaz naturel.” (iea.org)
Pour remettre ces chiffres en perspective, le Greenly Carbon Score 2024 estime qu’un véhicule électrique embarquant une batterie de 60 kWh représente entre 5 et 7 tonnes de CO₂e rien que pour la production du pack. À l’échelle résidentielle, les batteries solaires apparaissent donc relativement sobres, d’autant qu’elles n’ont ni système de refroidissement actif ni contraintes mécaniques aussi fortes.
Mais il faut aussi considérer le caractère évolutif de ces chiffres : en 2015, la moyenne mondiale dépassait les 200 kgCO₂e/kWh. En moins d’une décennie, les progrès industriels et l’utilisation d’électricité plus verte ont divisé l’empreinte par deux.
Lorsqu’on parle d’empreinte carbone, il ne suffit pas d’isoler la batterie. Ce qui compte vraiment, c’est le système global : panneaux solaires + batterie.
Une étude de l’IEA-PVPS (Task 12, 2023) montre qu’un système photovoltaïque résidentiel sans stockage émet en moyenne 54 gCO₂e/kWh produit sur l’ensemble de sa durée de vie (environ 25 ans). Lorsqu’on y ajoute une batterie de 5 à 20 kWh, l’empreinte monte entre 80 et 88 gCO₂e/kWh, soit une hausse d’environ 60 %, mais toujours largement inférieure à celle des énergies fossiles.
Remarque
À titre de comparaison, un kWh issu du gaz naturel émet environ 490 gCO₂e, et celui du charbon dépasse 900 gCO₂e selon le rapport du GIEC 2023 (ipcc.ch).
En clair : même en intégrant la batterie, le solaire reste l’une des sources d’électricité les plus décarbonées du monde.
Autre indicateur intéressant : le facteur d’autoconsommation. Plus vous consommez votre propre électricité solaire grâce à la batterie, plus l’impact de fabrication est “dilué”. À 70 % d’autoconsommation, une batterie solaire atteint un équilibre environnemental bien plus vite qu’un foyer qui n’en consomme que 30 %.
Enfin, notons que le stockage domestique permet d’éviter le recours au réseau pendant les pics de demande, souvent alimentés par des centrales thermiques. Autrement dit, même si la batterie ajoute un peu d’émissions à court terme, elle en évite beaucoup à long terme.
Remarque
Une simulation menée par Romande Énergie (2023) sur un foyer suisse équipé de 8 kWc de panneaux et de 10 kWh de stockage montre que l’ajout de la batterie permet de réduire de 35 % la dépendance au réseau, tout en maintenant une empreinte carbone globale inférieure à 100 gCO₂e/kWh.
Le temps de retour carbone — à ne pas confondre avec le temps de retour énergétique — correspond au nombre d’années nécessaires pour que la batterie compense les émissions générées lors de sa fabrication grâce à l’électricité renouvelable qu’elle permet d’utiliser.
Pour les installations solaires avec batterie, ce temps de retour se situe généralement entre 1,5 et 3 ans selon la localisation et la taille du système. Autrement dit, au bout de trois ans environ, la batterie a “remboursé” son impact initial, et tout le reste de sa vie (souvent 10 à 15 ans) se traduit par un gain net pour le climat.
Le climat local influe aussi sur ce retour carbone. Dans le sud de la France, où le rendement solaire est élevé, l’impact est amorti plus rapidement qu’en Bretagne ou dans le nord de l’Allemagne.
Rermarque
D’après l’ADEME (Étude 2023, ademe.fr), le temps de retour carbone d’une installation photovoltaïque couplée à une batterie de 10 kWh peut descendre à 1,8 an dans les régions à fort ensoleillement comme l’Occitanie ou la Provence-Alpes-Côte d’Azur.
Ce chiffre illustre une réalité souvent méconnue : le stockage solaire n’est pas neutre au départ, mais il devient positif sur toute sa durée de vie. Et plus la technologie progresse — rendement accru, production locale, recyclage des matériaux —, plus ce temps de retour se raccourcit.
Remarque
Ainsi, selon Bloomberg NEF (2024), la prochaine génération de batteries lithium-fer-phosphate européennes affichera une empreinte carbone deux fois plus faible et un temps de retour inférieur à un an en 2030.
Parler de l’empreinte carbone d’une batterie solaire, c’est remettre un peu de nuance dans un débat souvent simplifié à l’excès. Non, une batterie n’est pas un produit “zéro carbone”. Oui, sa fabrication consomme de l’énergie et mobilise des ressources rares. Mais replacée dans son cycle complet — de la production à la fin de vie —, elle demeure un instrument clé pour accélérer la transition énergétique.
Les données scientifiques récentes sont claires : le stockage domestique ajoute un coût carbone initial, mais celui-ci est vite compensé par les bénéfices climatiques du solaire en autoconsommation. En moyenne, une batterie solaire rembourse son empreinte carbone en deux à trois ans, puis continue de fournir une énergie propre pendant plus d’une décennie.
Prêt à passer
à l'énergie solaire ?
Estimation en 2 min
Gratuit et sans engagement
Nous avons hâte de vous accompagner pour ce beau projet.
© 2025
Ensol est le nom commercial d’Ensol Group SAS, société par actions simplifiée au capital social de 200 286,10 €, immatriculée au RCS de Bobigny sous le numéro 978 246 601 et ayant son siège social au 5 Rue Pleyel, 93200 Saint-Denis.
